Par Émilie Chan Dallaire
Que ce soit à la bibliothèque ou dans une salle de classe, il n’est pas difficile de remarquer la posture tordue de nos camarades et même la nôtre, tous courbés vers l’avant ou à moitié affalés sur la table. Nous, étudiants de tous âges, traînons cette mauvaise habitude depuis des années. Bien évidemment, comme toute chose vient avec son lot de conséquences, notre mauvaise posture entraîne nécessairement des troubles musculosquelettiques, c’est-à-dire un problème d’ordre musculaire et osseux en raison d’une trop grande sollicitation de l’articulation. Effectivement, d’après l’Organisation mondiale de la Santé, le mal de dos est l’un des problèmes de santé qui cause le plus de problèmes durant une vie. D’ailleurs, selon Statistique Canada, 70% à 85% des Canadiens éprouveront, un jour, un mal de dos.
Tout d’abord, la seule manière de connaître la véritable source de notre dorsalgie est par la consultation d’un professionnel de la santé, comme un chiropraticien ou un physiothérapeute. Bien sûr, nous pouvons très bien avoir une petite idée de l’origine de la douleur, telle qu’un trouble physiologique, un accident ou une maladie. Toutefois, plusieurs considèrent que rester assis trop longtemps est LA cause de nos maux de dos. C’est un mythe : il s’agit plutôt d’un facteur aggravant. À l’inverse, rester debout trop longtemps comporte bien plus de risque que d’être assis. En effet, dans ses deux positions, les muscles abdominaux transverses et obliques internes (principaux stabilisateurs de notre dos) vivront une fatigue musculaire et nos disques intervertébraux (amortisseur entre nos vertèbres de notre colonne) subiront une pression, risquant d’entraîner leur affaissement. D’origine mécanique, ce phénomène découle de la sédentarité. En effet, quand nous sommes assis ou couchés de manière prolongée, le sang ne circule plus correctement dans nos veines, causant une mauvaise oxygénation des articulations. C’est pourquoi, étant étudiant, faire ses devoirs assis durant une trop longue durée devient une mauvaise habitude.
Ensuite, une des causes probables des dorsalgies est souvent l’utilisation de nos appareils intelligents. Encore une fois, une mauvaise posture en est sûrement l’origine, tout comme une surutilisation de ces derniers. En tant qu’étudiants, cela nous affecte bien plus qu’on ne voudrait l’admettre. En effet, nous passons énormément d’heures devant nos écrans. Les douleurs que l’on ressent sont d’origine myofasciale, c’est-à-dire qu’elles sont reliées au fascia de nos muscles, soit une membrane qui recouvre toutes les parties du corps. Généralement, ce type de douleur se retrouve dans le cou, les épaules, le dos, les poignets et les pouces. Dans le but de mieux comprendre la raison de notre douleur, il faut faire appel à la physique. La position de notre tête est la source principale de nos douleurs. Plus on penche la tête vers l’avant, plus elle subit la force gravitationnelle, en raison de l’angle qui diminue, et plus le poids augmente. En maintenant cette posture, il devient plus difficile pour nos muscles de garder la tête en position, ce qui engendrera des douleurs passant par le cou, les épaules et le dos.
Bien évidemment, plusieurs solutions pour contrer la dorsalgie existent. Bouger régulièrement fait partie de ces solutions. D’après le physiothérapeute Yan Doiron, « Il est important d’alterner et de varier les positions autant que possible (assis, debout, accroupi, etc.). Le but étant de permettre à votre corps de changer de position plusieurs fois dans la journée afin de ne pas toujours stimuler les mêmes structures. » C’est pourquoi il est important de se dégourdir les membres durant les pauses. Prendre une marche est une excellente idée et cela nous permet même de nous changer les esprits. Utiliser un bureau à hauteur réglable est également une bonne solution. En l’ajustant à différents moments, cela nous permet d’alterner entre différentes positions et favoriser la circulation sanguine. Dans la mesure où nous sommes assis en classe et qu’il est impossible de changer de position régulièrement, il est important d’adopter une bonne posture :
Le bas de notre dos est collé au dossier de la chaise, afin d’avoir un meilleur soutien et de le garder droit.
Nos genoux sont dans un angle de 90° à 110° et nos deux pieds, à plat au sol ou sur un repose-pieds.
Nos coudes sont positionnés dans un angle de 90° et nos avant-bras, horizontaux, dans le but de relaxer les épaules.
Les dorsalgies peuvent entraîner de multiples conséquences. Parmi elles se trouvent les maux de tête. Par exemple, la céphalée cervico-génique en est un. Une céphalée est une douleur sur le côté de la tête. Son intensité varie en fonction de notre posture. Elle est causée par une pathologie autre que dans la tête. En d’autres mots, ce n’est ni d’origine neurologique, ni vasculaire. La céphalée de type cervico-génique, comme l’indique son nom, est causée par la région cervicale, soit le cou. Généralement, il s’agit du nerf d’Arnold (le nerf grand occipital) qui traverse cette région et qui se rend jusque dans le crâne. Ainsi, une irritation de ce dernier, ou même d’une articulation du cou, entraîne une douleur. Normalement, la céphalée cervico-génique est associée aux victimes de la route ou à celles ayant subi un traumatisme crânien ou cervical. Dorénavant, on la retrouve de plus en plus au quotidien, tel qu’au travail ou avec l’utilisation de téléphone cellulaire, étant donné qu’une mauvaise ergonomie, la sédentarité ainsi qu’une flexion du cou prolongée appliquent de la pression au niveau cervical. De plus, le stress est également une cause des céphalées. Elle est commune aux anxieux et aux « stresseurs » professionnels puisque la pression dans le cou et le serrement dans les dents sont des éléments qui peuvent entraîner ces maux.
Pour finir, il est crucial de développer une bonne habitude en corrigeant notre posture et en prenant soin de notre dos. Cela aura des effets bénéfiques sur nos études, une bonne raison pour commencer à la modifier. Plus nous vieillissons, plus nos maux se manifesterons. C’est pourquoi il est important de maintenir une bonne santé, ce qu’en tant qu’étudiants, nous négligeons énormément.
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