Composter, mais pour quoi faire ?

Par Maria Mallouche, étudiante et secrétaire aux affaires internes de l’Association étudiante

Aujourd’hui, les cégeps de partout au Québec rallieront leurs voix pour dénoncer, à l’unisson, le mal que la planète subit. À la lumière de la manifestation pour la justice environnementale et sociale, qui se prépare maintenant depuis quelques semaines, il me semble primordial que le silence cesse.  

À petit feu et sans s’en rendre compte, les élèves de Bois-de-Boulogne s’éloignent de leur visée verte et contribuent à l’augmentation de la pollution. Composter au cégep: à quoi bon quand les déchets que l’on trie se rendent finalement tous aux poubelles ? 

Le composte à Bois-de-Boulogne 

En février 2020, la ville de Montréal a annoncé qu’elle se chargerait de la collecte de matières recyclables et compostables dans tous les cégeps. En revanche, avec la fermeture du collège et le volume de déchets peu significatif, le cégep a dû mettre un frein au compostage; pandémie l’oblige.  

Plus d’un an après, avec le retour de l’école en présentiel, l’officialisation de ce contrat a finalement eu lieu et la ville de Montréal a indiqué qu’elle fournirait le service dès cet automne. En revanche, « il y a eu un imbroglio sur la confirmation de la date de commencement », m’a dit Guillaume d’Amours, directeur à la vie étudiante et à la réussite scolaire. Il a continué en m’expliquant que, quand le collège a réalisé que la ville de Montréal n’allait pas procéder à la collecte des déchets rapidement, c’est à des contractants privés qu’on a confié ce mandat… à part pour le compostage. Et c’est ainsi depuis la rentrée. 

Il semble que tout soit jeté aux déchets. Le collège de Bois-de-Boulogne n’aurait pas renouvelé le contrat avec la compagnie privée qui se charge de la redistribution du compost à cause d’un bris de service. Malgré les délais non anticipés, on m’assure que, d’ici la fin du mois, les nouveaux bacs de compostage devraient être livrés au collège et que le service, lui, devrait reprendre dans quelques semaines. En attendant, pelures de bananes et cœurs de pomme finiront au dépotoir.  

Souci de transparence 

Un problème plus important se pose : en allant sur la page Instagram officielle du collège de Bois-de-Boulogne, on peut lire sous la plus récente publication (datée du 23 septembre 2021) que le cégep propose « le recyclage du papier/carton, le recyclage du plastique/verre/métal, les déchets non recyclables et le compost. » Le collège rajoute, ensuite : « À BdeB, le traitement des déchets est important. » 

Pourtant, si le traitement des déchets est si important pour Bois-de-Boulogne, comment se fait-il que les élèves n’aient pas été mis au courant qu’aucun compostage n’est en vigueur depuis cinq semaines ? 

« On ne veut pas faire perdre la bonne habitude aux gens, parce que c’est un gros défi qu’on a de bien éduquer les gens à faire les bons tris. » C’est la réponse que m’a fournie monsieur D’Amours, concerné par la situation.  

Cette même question suscite, chez les élèves, une tout autre réaction. Cette situation touche les élèves et c’est ce dont témoigne Danny Al-Mashhoor, étudiant en Sciences humaines et secrétaire aux affaires pédagogiques à Bois-de-Boulogne :  

« Je trouve qu’on devrait au moins dire aux élèves les raisons pour lesquelles on ne fait pas de compostage. Pour moi, la transparence du collège envers ses élèves est primordiale. Si je mets mon déchet dans le compostage, c’est justement pour qu’il soit composté. »  

Finalement 

On nous enseigne que chaque petite action compte, mais il semble que les grandes administrations ne remplissent pas entièrement leur rôle. De ce fait, « l’inaction » du collège de Bois-de-Boulogne devient, d’une manière, notre inaction. Les élèves, qui eux pensent bien faire, se voient trier leurs déchets inutilement, car finalement, tout se retrouve au même endroit.   

« J’avoue qu’il y a eu un “flou artistique”, mais au final, la vision reste la même: le compostage est important et l’environnement, encore plus », me dit monsieur D’Amours.  Dans le contexte actuel de crise climatique, nous pourrions nous questionner sur l’impact à long terme de ce « flou artistique », qui nous concerne tous de loin ou de près.  

Toutefois, l’objectif final est ce qui semble mettre tout le monde d’accord: la transition écologique du collège demeure une priorité. 

 

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