Par : Philippe Moutillet
« Bien trop complexe! »
« Jamais je ne pourrais m’y mesurer. »
« Moi, ça me fait peur. Ça ne me concerne pas! »
Consternée est ma réaction face à ces commentaires que j’entends aujourd’hui presque quotidiennement. Consterné, au point où je n’ose même plus faire le simple effort de lever le petit doigt, voire d’y penser, lorsque je perçois l’une de ces absurdités. Consterné d’être témoin de réponses incohérentes à une question si simple, si banale. Mais quelle est-elle, me demandez-vous? Critique, doit-elle être, me questionnez-vous?
À vous d’en former votre propre opinion :
La jeunesse, aussi vaste qu’elle est, devrait-elle plus s’informer sur les enjeux politiques d’hier, d’aujourd’hui et de demain?
Tout compte fait, je vais retourner sur l’une de mes phrases précédentes. Il n’y a pas « d’opinion propre à se former » sur cette question, la réponse est évidente. J’irai même jusqu’à affirmer qu’elle est unique : s’informer sur la politique, autant d’un point de vue local, régional, national et international est nécessaire… crucial. En aucun moment, nous ne pouvons nous permettre de nous y opposer, du moins, si un avenir certain et durable est souhaité.
David est réticent quant à prendre part au combat
Si mes plus proches collègues sont souvent (trop souvent) apeurés de vouloir pénétrer dans le monde médiatique entourant la politique, c’est bien à cause de sa complexité et de son étendue. Ils n’ont pas tort après tout, l’actualité politique est un engagement quotidien qui requiert certainement quelques cellules grises, un bon sept heures de sommeil et en tout temps un esprit critique.
Un jeune qui a la soudaine envie de se balader, un mardi matin disons, à travers quelques pages médiatiques, pourrait être déstabilisé et se poser maintes questions. Par où commencer? Quels médias devrais-je consulter? Est-ce que je dois croire tout ce qui est dit et écrit? Qu’est-ce qui est plus pressant : la politique nationale ou internationale? Bref, tant de questions, pourtant si peu de réponses. N’oublions pas, de plus, une certaine complexité amenée par les algorithmes des réseaux sociaux, qui nous poussent sans cesse vers du divertissement tout à fait contraire aux sujets recherchés.
Je me permettrai de faire une comparaison pour résumer la situation : pour une importante partie de la jeunesse, s’informer sur la politique, c’est comme pénétrer lentement dans une piscine froide une journée d’été ; c’est un supplice (enfin, sur le coup).
Un miracle vient garantir la victoire de David
N’ayez crainte, car il est possible de remédier à cette tendance de désintérêt de l’actualité politique, et ce, par l’explication de moyens de bien s’informer, mais aussi par l’intérêt représenté.
De prime abord, pour bien s’informer, il n’y a pas de solution miracle, sinon d’y plonger tête première. Que ce soit par l’entremise des réseaux sociaux, la radio, la télévision ou encore l’Internet, une cueillette continuelle d’informations doit être faite. Néanmoins, comment choisir adéquatement l’information recherchée? Quelles sources doivent être priorisées? À quels médias doit-on se fier? La réponse pourrait vous surprendre, mais elle est tout et rien à la fois. Les informations que vous récoltez doivent être diverses et étendues sur l’ensemble du vaste spectre politique. C’est uniquement en confirmant certaines informations à travers des dizaines de médias que nous sommes réellement en mesure de discerner le vrai du faux, de discerner une nouvelle d’une opinion. En bref, la diversité des sources d’informations est le mot d’ordre.
Certains diront : pourquoi réaliser tant d’efforts pour de vulgaires informations? Tout simplement, parce qu’elles ne sont pas si « vulgaires ». Elles sont à la fois votre histoire et celle de vos proches ; de petits pas vers le progrès, mais aussi vers des conflits certains ; une sécurité qui vous est garantie et parfois un danger qui vous guette ; une raison de plus de garder espoir en l’humanité, tout comme pour s’en méfier davantage. Ne pas s’informer sur des choix et des mesures politiques ou encore sur l’état du monde, c’est vivre dans un constant déni. Un déni qui, assurément, finira par vous écraser au sol.
Goliath n’a qu’à piétiner le pauvre David
Dans le pire des cas, où la jeunesse ne prendra plus aucun intérêt à s’informer sur l’actualité politique, un désastre n’est qu’à espérer. Que pouvons-nous attendre d’une génération (voire plusieurs) qui ne prendra plus part à la base de toute démocratie ; se renseigner? Quelles retombées pouvons-nous espérer de personnes n’étant pas conscientes qu’elles soient elles-mêmes percutées par des décisions politiques, pourtant si évidentes et prévisibles? Cet aveuglement permettra évidemment à Goliath d’en sortir l’unique vainqueur.
Toutefois dans la meilleure des optiques, où la jeunesse prendrait goût à la politique à travers les médias, le mieux n’est qu’à espérer. Avec des efforts et une ouverture, bien évidemment, le désintérêt finira par mourir de lui-même. N’oublions pas après tout que ce n’est pas Goliath du haut de ses trois mètres qui vaincu le petit David, mais bien le contraire.
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