La crise du logement

Par Insafe Kibboua

De nos jours, avoir une habitation abordable, dans une grande ville n’est pas une simple tâche. Les logements étaient déjà de moins en moins accessibles pour la classe moyenne bien avant la crise sanitaire. Depuis le début de la pandémie, la course aux logements à Montréal et dans certaines banlieues s’est empirée pour toutes les personnes à la recherche d’un logement. Les prix de location sont souvent beaucoup trop élevés pour des appartements qui ne sont pas rénovés ou qui sont mal entretenus. Évidemment, les familles ne sont pas les seules à la recherche d’une demeure, les étudiants hors du foyer familial le sont aussi. L’automne prochain, les étudiants et les étudiantes venant d’ailleurs au Québec pour étudier à Montréal devront se chercher un appartement en pleine crise du logement. Sur ce point, il est bien d’observer les impacts qu’a la crise sur la communauté étudiante.

En premier lieu, c’est quoi la crise du logement. En résumé, la crise du logement, c’est une compétition entre concitoyens pour combler un besoin de base qui celui de se loger. La demande est si grande et le taux d’inoccupation si faible (même s’il y a eu une petite augmentation à cause de la crise sanitaire) que les propriétaires ont haussé les prix des appartements à Montréal. D’après le TAL, le taux d’inoccupation est de 2,7%. Par exemple, il existe en ville des quatre et demi insalubres qui sont loués à plus de 850 dollars par mois à la métropole. De plus, les prix peuvent dépasser les 1000 dollars quand l’appartement est de qualité. Aussi, ce sont des files humaines interminables devant des bâtiments pour louer un appartement. Les propriétaires ont l’embarras du choix devant cette forte demande. Ils savent qu’il y a un besoin urgent au sein de la population pour se loger, alors c’est ce qui explique la hausse des prix. En plus, les appartements les moins chers (en haut du fameux 500 à 600 dollars) sont beaucoup trop petits pour être en colocation avec d’autres étudiants. Enfin, certains locataires se font montrer la porte, car le propriétaire a pris la décision de faire des rénovations dans le but d’augmenter le loyer plus tard, évidemment.

En ce moment, il y a une réelle compétition sur les logements à Montréal entre les étudiants et le reste des locataires de la ville.  Sur tous les étudiants en métropole, seulement une petite partie (4% sur les 213 000 étudiants qui vivent en dehors de la maison familiale) vit dans des logements étudiants. En plus, la majorité qui loue des appartements doit se trouver des colocataires pour partager le loyer. La colocation en soi n’est pas un problème, c’est l’augmentation des prix qui poussent les étudiants à être plus nombreux, alors il y a un manque d’intimité entre eux. Ils doivent se partager des espaces privés comme la seule toilette de l’habitation. Tous les étudiants ont un horaire différent, une vie privée et un mode de vie bien à eux. La proximité entre colocataires n’est pas une bonne condition de vie, en addition, il arrive que les colocataires ne se connaissent même pas. Aussi, ceux qui doivent payer leur loyer à la fin du mois ont besoin de travailler pour subvenir à un besoin de base, se loger. N’oublions pas les factures et autres besoins nécessaires.  Ils doivent travailler plus longtemps en ayant des emplois payés au salaire minimum dans des conditions difficiles (surtout avec la dernière année de pandémie). Ce sont des heures de révision perdus, ils doivent récupérer le soir (il aura des conséquences sur leur sommeil) et il y a une augmentation du stress. Le souci, avec la crise du logement, est que de subvenir à leurs besoins devient beaucoup plus difficile pour eux et ils vivent dans une plus grande précarité. Vivre avec peu de moyens en étant aux études ne devrait pas être normalisé.

J’ai eu la chance de poser quelques questions au député solidaire Andrés Fontecilla qui est le responsable du logement au sein de sa formation politique.  Ma première question était :

« Qu’est-ce que le gouvernement du Québec ou les membres de l’opposition peuvent proposer pour aider les étudiants avec cette épreuve? »

 La réponse du député était d’abord de bonifier le système de prêts et bourses pour les étudiants en dehors de la maison familiale. Ensuite, il propose une vieille promesse solidaire, celle d’augmenter le salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Finalement, la construction de logements étudiants pour soulager les autres citoyens de devoir se « disputer » des appartements avec les étudiants.

Évidemment, je n’ai pas pu m’empêcher de demander au député solidaire, comment convaincre le gouvernement de financer la construction de nouveaux logements étudiants?

Pour un membre de l’opposition, la meilleure façon est de talonner le gouvernement pour que le gouvernement songe à la question du financement des programmes sociaux. Monsieur Fontecilla m’a aussi donné une solution de son parti pour chercher des fonds. Durant la crise sanitaire et la fermeture des plus petites entreprises, d’autres ont accumulé des profits. Québec solidaire veut mettre un impôt de la pandémie sur une partie de leur profit gagné pendant la pandémie.

Ma deuxième question, je l’ai posé avant que le déconfinement soit annoncé. Je voulais savoir comment faire pour protéger les étudiants des évictions, mais surtout des «rénovictions» pendant ces temps incertains.

Québec solidaire propose un moratoire temporaire pour arrêter de mettre les locataires (étudiants et autres) dehors durant la crise sanitaire.  Évidemment, après la crise, ils pensent que le gouvernement devrait réglementer les évictions après la crise. Aussi, il faut savoir que tous les locataires sont protégés par le droit de maintien (il y a certaines exceptions) qui stipule ceci : un ou une locataire peut garder son logement aussi longtemps que souhaité.

Ma dernière question était : « pourquoi est-ce que la ministre des Affaires municipales et de l’habitation nie la crise du logement et quelles explications pourrait-elle donner pour les étudiants ? »

La réponse qu’il m’a donnée est, à mon sens, évidente. Si la ministre refuse de dire que le Québec traverse une crise de logement car elle sait que si elle la reconnait, elle va devoir mettre en place des solutions. Reconnaitre amène à agir, il va falloir poser des gestes. En plus, même sans crise du logement, les prix des loyers ne baissent pas.

Finalement, la crise du logement ne risque pas de prendre fin avec la pandémie. C’est un autre défi qu’il va falloir relever dans l’avenir…

Sources :

https://www.journaldequebec.com/2021/05/09/crise-du-logement–qs-suggere-une-aide-au-logement-pour-les-etudiants
https://www.lapresse.ca/actualites/enquetes/2021-04-24/crise-du-logement/loyers-en-folie.php
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1781554/crise-logement-montreal-controle-loyers
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/559786/a-quoi-reconnait-on-une-crise-du-logement

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